Panel XVI congrès SeSaMO
Panel dans le cadre du XVI colloque national SeSaMO (3-5 octobre 2024), Université de Cagliari, Italie.
Panel « Circulation et métissages dans les border cities, ville-frontières de la Méditerranée (MENA) »
Organisé par Camilla Cederna, Bianca Vallarano
https://www.sesamoitalia.it/xvi-convegno-sesamo/
Dans ce panel, nous proposons de réfléchir aux implications du phénomène de la migration dans un sens large (Nouss, 2015), en ce qui concerne les villes frontières, en explorant en particulier les dimensions linguistiques, artistiques et culturelles résultant de la circulation des personnes, des langues et des cultures.
Les villes prises en considération seront celles des routes migratoires en Méditerranée, entre l'Afrique du Nord et le sud de l'Italie, entre le XVIIIe siècle et l'époque contemporaine. En particulier, les villes de Tanger, Tunis et Palerme, liées par une histoire de migration et de circulation réciproques, avec des flux migratoires déterminés par différents facteurs sociopolitiques, historiques et économiques, selon les époques considérées. Certains aspects pourront être éclaircis grâce à la recherche historique sur l'émigration européenne en Afrique du Nord du XVIIIe au XXe siècle, et en particulier à l'analyse de l'identité et des statistiques des migrants (réfugiés politiques, exilés économiques) ainsi que des opportunités économiques, politiques et culturelles. Pourquoi Tanger et Tunis étaient-elles des destinations privilégiées à la fin du XIXe siècle pour les citoyens européens fuyant leur pays pour diverses raisons (politiques, économiques) ? Un autre aspect concerne le cadre institutionnel, le contexte dans lequel les migrants ont trouvé en Afrique du Nord de meilleures opportunités qu’en Europe. De quelle manière cette immigration a-t-elle créé un terrain propice au développement d'échanges culturels et linguistiques extrêmement riches et créatifs ? Pour Tunis et Tanger, une attention particulière sera portée à l'étude des relations avec la Sicile, d'un point de vue historique, ainsi que de la scène contemporaine. En plus de l'analyse des motivations qui ont poussé les Siciliens à émigrer vers la fin du XIXe siècle, l'impact de leur présence dans le tissu social du pays et des villes nord-africaines sera mis en évidence : langue, architecture, presse, art. En même temps, nous nous interrogerons sur les conséquences des flux migratoires en direction inverse sur la scène contemporaine sicilienne.
Nous considérons ces villes comme des entités géographiques, politiques et culturelles, où une série de pratiques artistiques coexistent, interagissent, se différencient et s'influencent mutuellement et où se manifestent les expressions liées à la migration (Straw 1991). Nous chercherons alors à explorer les différents aspects, notamment :
• Le lien entre le caractère urbain d'une ville et la visibilité et la vitalité de ses scènes culturelles et artistiques. • Le lien entre les dynamiques cosmopolites, souvent alimentées par la migration et les cultures diasporiques, et les traditions culturelles locales.
De quelle manière la configuration de la ville et de ses espaces a-t-elle été déterminée par la circulation culturelle et linguistique ? Et d'autre part, selon quelles trajectoires cette circulation a-t-elle déterminé les représentations littéraires selon la notion d'autobiogéographie (Collot 2014) ? Quelles sont les implications de ce réseau inter-transculturel résultant de la condition d'exil (Nouss 2015) en ce qui concerne les productions littéraires et artistiques développées dans ces lieux ? Dans quelle mesure les mémoires stratifiées de ces villes ont-elles façonné des expressions culturelles et artistiques caractérisées par le "métissage" et l'hybridation (Laplantine & Nouss 2016) ?
Le multilinguisme est une caractéristique fondamentale des villes frontières. Quels facteurs influencent et favorisent ce multilinguisme et peuvent en même temps expliquer le phénomène du code-switching dans les textes considérés ? Nous tenterons de documenter les pratiques et les productions linguistiques hybrides qui se produisent dans les villes frontières à différents niveaux : la communication orale - y compris la lingua franca (Dakhlia 2008), l'haketía, l'expression orale quotidienne et le langage du marché -, la littérature - où les écrivains
en exil dans les zones frontières utilisent souvent ce multilinguisme en passant d'une langue à l'autre ou en appliquant des formes linguistiques étrangères à leur langue maternelle, provoquant des interférences et des altérations au niveau de la syntaxe, par exemple - et le théâtre. De quelle manière ces pratiques linguistiques reflètent-elles une représentation particulière de la diversité, et en même temps une tentative de réfléchir aux modes et aux stratégies de coexistence et de dépassement des conflits ethniques, culturels et religieux.
Une attention particulière sera accordée à la dimension liée au genre. Quel rôle ont joué l'exil et la migration dans la production culturelle féminine dans les villes frontières (littérature, oralité, narration, chansons, cuisine, pratiques artistiques, etc.) ? De quelle manière la production féminine, déjà marginale et invisibilisée en soi, s'articule-t-elle et trouve-t-elle sa place dans ces lieux de frontière ? Peut-on identifier des caractéristiques et/ou des traits communs de la production des auteures dont l'expérience de vie est caractérisée par la condition d'exil, dans le contexte des villes frontières (hybridation des genres, rôle de l'oralité, des pratiques non formalisées) ?
Études de cas proposées (non exhaustives) :
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Tanger, ville frontière et zone internationale (1923) ;
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Tunis, ville de l'émigration italienne ;
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Palerme (Sicile), zone frontière, d'échange et de circulation.
Mots-clés : exil, femmes, ville frontière, mémoire, plurilinguisme, métissage, hybridation, traduction Disciplines : littérature, histoire, linguistique, études de genre, sociologie, économie, géographie. Modalités de soumission